Des poignards dans les sourires (French Edition) by Cécile CABANAC

Auteur:Cécile CABANAC [CABANAC, Cécile]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller/Policier
ISBN: 9782265118492
Éditeur: Univers Poche
Publié: 2019-02-06T23:00:00+00:00

13 décembre 2000, 13 heures, Clermont-Ferrand

Les gobelets de café vides s’emboîtent sur le bureau de Sevran. Ses doigts tapent frénétiquement sur le clavier sale de son ordinateur. Ses jambes ne tiennent pas en place. Le chef du laboratoire d’analyses génétiques de Nantes lui doit une faveur. Il lui a promis de faire passer la comparaison ADN de son enquête en priorité, mais les résultats tardent à tomber.

La capitaine jette un coup d’œil à sa montre, puis à Biolet, lui aussi en pleine écriture. Elle se sent d’une humeur massacrante et observe d’un œil noir Navard qui se tient debout devant le fax. Un collègue, qu’elle ne connaît pas, passe la tête dans le bureau et s’adresse à lui.

— Elle était mignonne la petite blonde tout à l’heure, hein ? dit-il l’air vicelard.

— Bof, pas de seins. Aussi plate que Ghemzi. Zéro intérêt, lui répond Navard en gonflant ses pectoraux.

Ils partent d’un rire gras. Le collègue s’en va, puis l’officier rejoint son siège d’une démarche orgueilleuse.

— Navard ! (L’enquêtrice se dresse sur son bureau, en colère.) Ne t’avise plus jamais de faire ce genre de remarque ici, pigé ?

Elle a la voix coupante et la mâchoire serrée. Sous les regards incrédules de Navard, Ghemzi et Biolet, elle arrache d’un coup sec les publicités Aubade collées au mur.

— Et laisse tes fantasmes à deux balles à la maison, s’il te plaît. Je suis fatiguée de les avoir tous les jours sous le nez.

Elle fait tomber les deux photos devant lui. Une rougeur apparaît sur le haut de ses pommettes. Vexé, il baisse les yeux. Sevran, que cet accès de colère a fini par calmer, retourne à sa place dans un silence gêné. Elle réalise que sa jeune collègue n’avait même pas prêté attention à la remarque déplacée de son équipier. Elle peste intérieurement contre le manque de poigne de la jeune femme.

Soudain, le fax se met à geindre. Sevran fonce sur la machine qui fait apparaître les résultats au compte-gouttes. L’attente lui est insupportable. Elle tape du pied avec frénésie contre une plaque de lino qui se décolle du sol. Enfin, ses yeux tombent sur les conclusions. Elle tend la feuille à Biolet, qui reste interdit.

— C’est lui, c’est François Renon.

Son souffle est court.

— Pffff… (Biolet se jette dans son fauteuil et s’étire en levant les bras au ciel.) OK. Tu appelles le proc, et on part l’annoncer à la mère et à la sœur ? propose-t-il en se passant les mains sur le visage.

— Hum. Pour le moment on se contente d’observer l’épouse et on demande une mise sur écoute de toute la famille.

— Il va quand même falloir la prévenir, non ? demande-t-il, surpris.

— Faisons-la mariner un ou deux jours. Voyons ce qu’elle prépare, comment elle réagit… Et puis… On va peut-être découvrir un amant caché derrière tout ça, qui sait ? (La capitaine, pensive, attrape son manteau.) Ghemzi, tu préviens les gendarmes. Tu leur dis qu’on récupère le bébé !

Cette dernière s’exécute aussitôt.

— Navard ! (Il la dévisage avec mépris.

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